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Affichage des articles du mai, 2025

Burkina Faso : le silence comme dernier rempart – chronique d’un pouvoir aux abois

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Ouagadougou – Depuis plusieurs mois, un lourd silence s’est abattu sur les lignes éditoriales du Burkina Faso. Pas celui des rédactions désintéressées, ni celui des médias distraits. Mais un silence imposé, verrouillé, surveillé. Le silence du pouvoir face à la vérité. Celui d’un régime qui, dans sa fébrilité grandissante, ne tolère plus ni critique, ni question, ni mémoire. À Koulouba, le haut lieu du pouvoir, le mot “FRONT” est devenu un tabou, presque un blasphème. On ne doit plus le prononcer, encore moins l’expliquer. Car derrière lui, se cache un échec que même la propagande ne parvient plus à couvrir. Journaliste déporté, non pour avoir menti, mais pour avoir dit ce qui est Des journalistes déportés, non pour avoir menti, mais pour avoir dit ce qui est Ils sont journalistes. Leur métier : dire ce qu’ils voient, rendre compte de ce que vivent les Burkinabè, y compris – et surtout – ceux qui sont dans les zones les plus éprouvées par la guerre contre le terrorisme. Pour cela, ils...

Burkina Faso : l'ombre de l'incertitude plane sur le pouvoir militaire

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Le 28 mai 2025, des tirs ont été entendus à l'aéroport international de Ouagadougou, ravivant les inquiétudes sur la stabilité du régime du capitaine Ibrahim Traoré. Selon des témoins, l'incident impliquerait un officier supérieur tentant de faire sortir sa famille du pays. Bien que les autorités n'aient pas encore communiqué officiellement sur l'événement, cet épisode s'inscrit dans un climat de tension croissante au sein des forces armées. L'aéroport de Ouagadougou Des tensions internes persistantes Depuis le début de l'année, le Burkina Faso est confronté à une recrudescence des attaques djihadistes, notamment dans les régions de Diapaga, Sollé, Soudougui et Koungoussi, entraînant la mort de nombreux soldats et la perte de plusieurs camps militaires . Face à ces revers, le capitaine Traoré aurait exprimé son mécontentement envers certains commandants, alimentant un climat de suspicion et de méfiance au sein de l'armée. Des arrestations controversées L...

Thomas Sankara sans les siens : un mémorial grandiose, une mémoire amputée

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Le 15 octobre 1987, le Burkina Faso perdait un de ses fils les plus brillants, Thomas Sankara, président révolutionnaire, tribun ascétique, icône intransigeante d’une Afrique digne, libre et souveraine. Trente-huit ans plus tard, un mausolée majestueux a été érigé à son nom, inauguré en grande pompe à Ouagadougou. Ce qui aurait dû être un moment de communion nationale et de reconnaissance universelle s’est transformé, pour certains, en une mise en scène solennelle mais glaciale, entachée par de profondes omissions. Au cœur de cette dissonance : l’absence criante de Mariam Sankara, ses enfants, et plusieurs proches, exclus ou volontairement éloignés de ce qui aurait dû être un hommage partagé. Mausolée Thomas Sankara Une inauguration à la hauteur… d’une ambition politique Le monument, impressionnant par sa conception architecturale, aspire à inscrire Thomas Sankara dans le marbre des héros africains. Le dôme, les flèches de verre, les fresques murales : tout, dans cet édifice, appelle à...

Sahel : le martyre silencieux des Peuls, ou la dérive meurtrière d’un État en guerre

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Dans les confins poussiéreux d’un pays sahélien en proie aux convulsions de l’instabilité, le sang des innocents irrigue une terre déjà meurtrie par l’oubli. Sous couvert de lutte contre le terrorisme, des crimes de masse se répètent, méthodiques et impunis. Les victimes ont un nom, une culture, une appartenance : ce sont les Peuls. Le martyre silencieux des Peuls Il ne reste souvent, après leur passage, qu’un silence de mort. Des villages réduits en cendres, des puits empoisonnés, des greniers incendiés, des cadavres abandonnés aux charognards, dans l’indifférence générale. Depuis plusieurs mois, dans ce pays du Sahel dont nous tairons le nom pour la sécurité de nos sources, l’armée régulière et ses supplétifs — des milices locales autoproclamées " volontaires " — mènent une guerre sans merci contre une communauté injustement stigmatisée : les Peuls. Le récit dominant, soigneusement entretenu par les autorités militaires au pouvoir depuis un coup d’État récent, est celui d’u...

Obscurantisme contre lumière : la Côte d’Ivoire face aux manœuvres de déstabilisation du régime burkinabè

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Alors que le Burkina Faso, sous la férule du capitaine Ibrahim Traoré, s’enfonce dans un gouffre sécuritaire et politique sans précédent, les accusations récurrentes et infondées contre la Côte d’Ivoire prennent une ampleur inédite. Loin d’être de simples errements diplomatiques, ces allégations relèvent d’une stratégie de diversion cynique visant à masquer l’échec d’un régime militaire qui, incapable de garantir la paix chez lui, cherche à projeter ses responsabilités sur son voisin méridional. Réfugiés burkinabés se préparant à la relocalisation sur le site de Niornigué (UNHR) Une paranoïa d’État nourrie de mensonges Depuis plusieurs mois, les autorités de Ouagadougou multiplient les charges verbales contre Abidjan. La dernière en date évoque, sans la moindre preuve tangible, une prétendue implication de la Côte d’Ivoire dans une tentative de déstabilisation du Burkina Faso, en lien avec des groupes terroristes, et avec l'appui supposé de la France. À cela s’ajoutent des rumeurs ...

Au bord du gouffre : les Peuls sahéliens, victimes oubliées d’un conflit dévoyé au Burkina Faso

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Dans les cendres du Sahel, une voix s’élève. Celle de Binta Sidibé Gascon. À la tête de l’Observatoire Kisal, elle incarne la parole de ceux que l’Histoire tente d’effacer : les Peuls sahéliens. Face à la recrudescence des violences ciblées au Burkina Faso, elle dénonce, avec la rigueur du témoignage et la clarté de l’évidence, ce qu’elle qualifie de “nettoyage ethnique”. Son cri d’alarme, lancé dans une vidéo glaçante accordée à Jeune Afrique, traverse aujourd’hui les murs d’indifférence internationale. Binta Sidibé Gascon, en entretien vidéo avec Jeune Afrique — © Jeune Afrique, mai 2025. L’ombre des fusils sur les campements Mai 2024. Une chaleur suffocante écrase le sol burkinabè, atteignant parfois 50 degrés à l’ombre. Les pluies se font attendre, tout comme la paix. Ce mois-là, un campement peul, situé dans une zone reculée du Sahel burkinabè, est investi par des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), milices supplétives de l’armée, créées dans l’urgence de la lutte cont...

Mali : la République asphyxiée par une dictature militaire

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Le Mali, dirigé depuis août 2020 par une junte militaire sous le colonel Assimi Goïta, connaît une dérive autoritaire sans précédent : après avoir suspendu les activités politiques en mai 2025, le régime a formellement dissous tous les partis par décret le 13 mai, annulant le pluralisme garanti par la Constitution de 2023 et verrouillant l’espace démocratique national. Cette mesure s’inscrit dans une stratégie de répression graduelle de la dissidence, marquée par l’enlèvement d’opposants, la censure des médias et la manipulation de la justice . L’« asphyxie » de l’ordre républicain est d’autant plus préoccupante que le droit et les institutions sont méthodiquement sapés, tandis que le climat de peur nuit à toute mobilisation citoyenne. Le Mali Contexte historique : de la transition à la guerre civile larvée Depuis le renversement d’Ibrahim Boubacar Keïta le 18 août 2020, puis son propre coup contre le président de transition en mai 2021, Assimi Goïta concentre les leviers du pouvoir ...

Le Mali à l’épreuve : chronique d’une République en asphyxie

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Le 13 mai 2025 restera gravé dans l’histoire du Mali comme le jour où la junte militaire, dirigée par le général Assimi Goïta, a franchi un nouveau seuil dans sa dérive autoritaire. Par un décret présidentiel, tous les partis politiques et organisations à caractère politique ont été dissous, et leurs activités interdites. Cette décision, annoncée à la télévision nationale, marque une étape supplémentaire dans l'érosion des institutions démocratiques du pays . Assimi Goïta Une démocratie méthodiquement démantelée Depuis le double coup d'État de 2020 et 2021, le Mali est dirigé par une junte militaire qui a progressivement consolidé son pouvoir. Les promesses initiales de transition démocratique ont été repoussées à maintes reprises, et les échéances électorales sans cesse reportées. La dissolution des partis politiques s'inscrit dans cette logique de concentration du pouvoir entre les mains de la junte . Cette mesure intervient après une série de décisions controversées, not...

Le vrai leadership, c’est le calme et les résultats

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Quand la maîtrise de soi devient plus forte que la gesticulation À l’heure des réseaux sociaux survoltés, des déclarations tapageuses et des ego tonitruants, une évidence s’impose aux esprits lucides : le vrai leadership ne crie pas, il agit. Il ne se pavane pas, il construit. Il ne se perd pas dans le tumulte, il avance avec calme et constance. Le véritable chef n’est pas celui qui occupe l’espace médiatique le plus bruyamment, mais celui qui, dans le silence des tempêtes, reste ferme, lucide et fidèle à sa mission. Car au fond, le vrai leadership, c’est le calme et les résultats. Nelson Mandela Dans une époque saturée de bruit, où les postures prennent souvent le pas sur les postures mentales, où le spectacle de l’autorité supplante trop souvent la substance de la responsabilité, la figure du leader tranquille mais efficace devient un modèle de plus en plus rare… et précieux. L'illusion du charisme tapageur La confusion est fréquente : on prend l’agitation pour de l’action, la co...

Au Mali, la tentation autoritaire d’un pouvoir militaire en perte de légitimité : entre confiscation du politique et rejet populaire

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Bamako, 14 mai 2025 - « I ls ne respectent pas la loi et ne la connaissent pas. Ils font ce qu’ils veulent et se considèrent comme la loi. Peut-on demander à celui qui a orchestré un coup d’État de respecter la loi ? NON ! » Cette déclaration, rugissante et sans équivoque, émane d’un acteur malien engagé, au lendemain de l’annonce tonitruante par les autorités de transition de la dissolution de l’ensemble des partis politiques et de l’interdiction de toute activité politique sur le territoire national. Une décision gravissime qui, aux yeux d’une large frange de la société malienne, consacre la dérive dictatoriale d’un pouvoir militaire désormais retranché dans un autoritarisme sans vergogne. Assimi Goïta Alors que le Colonel Assimi Goïta, chef de la junte militaire, multiplie les actes de rupture avec l’ordre constitutionnel, la société civile, les juristes, les activistes et une grande partie du peuple malien refusent de se taire. Dans les quartiers populaires de Bamako, dans les cerc...

Mali : Dissolution des partis politiques, interdiction de toute activité politique — une dérive autoritaire dénoncée par l’opposition

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Bamako, 13 mai 2025 . Dans un contexte déjà marqué par une crispation croissante des libertés publiques, le gouvernement de transition au Mali a franchi un nouveau cap dans sa volonté de centraliser le pouvoir en annonçant, ce lundi 13 mai, par décret, la dissolution de tous les partis politiques ainsi que l’interdiction formelle de toute activité à caractère politique sur l’ensemble du territoire national. Une décision unilatérale qui a immédiatement soulevé un tollé, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, ravivant les inquiétudes d’un glissement autoritaire sans précédent dans l’histoire contemporaine du Mali post-démocratique. Me Mountaga Tall, Un décret qui fait l’effet d’un séisme politique Le décret présidentiel, signé par les autorités de transition, stipule que " dans l’intérêt supérieur de la nation et pour préserver la stabilité et la cohésion nationale, toute activité politique est suspendue jusqu’à nouvel ordre ", sans donner de calendrier précis quant à une é...

Une vieille dame expulsée de son domicile familial : entre répression politique et crise humanitaire

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Ce dimanche 11 mai 2025, aux alentours de 17 heures, une scène glaçante s’est déroulée dans un quartier de Ouagadougou, loin des fronts où l’ennemi désigne d’habitude les groupes armés non-étatiques. Une vieille dame de 85 ans, souffrant d’hypertension et de diabète, a été brutalement expulsée de son domicile familial par ce que plusieurs témoins décrivent comme un "escadron de la mort", un groupe d’hommes armés affiliés au régime militaire burkinabè, exécutant des ordres dans l’ombre de l’autoritarisme ambiant. Dessin du Dr. Li Wenliang — © DR Sans préavis officiel, sans convocation judiciaire, sans forme de procès ni audience contradictoire, la vieille dame a été sommée de vider les lieux dans un délai de cinq minutes. Le motif ? Elle serait la mère d’un citoyen trop critique envers le pouvoir en place. Un cas emblématique d’acharnement politique Les faits remontent à plusieurs mois d’intimidations rampantes. Déjà, il y a près d’un an, Ibrahim Maïga, présenté comme proche d...