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Développement ou domptage ? Le cri d’alarme d’un peuple désillusionné face à la brutalité d’État

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Ce n’est pas la première fois, hélas. Et ce ne sera peut-être pas la dernière si les consciences ne se réveillent pas. Depuis plusieurs semaines, le Burkina Faso est secoué, non pas par des soulèvements populaires violents ou des menaces subversives venues d’ennemis extérieurs, mais par une série de répressions administratives menées avec une brutalité qui interroge, indigne et glace. Une maison brûlée après le massacre de Yirgou, au Burkina Faso Sur les plateaux télévisés, dans les allées feutrées des ministères ou sur les réseaux sociaux institutionnels, on parle de « développement », de « restructuration urbaine », de « reconquête des espaces publics ». Mais sur le terrain, ce langage technique se traduit par des coups de crosse, des maisons rasées, des familles chassées, des communautés entières stigmatisées, souvent en silence. Et parmi ces communautés, une revient sans cesse : la communauté peule. Quand l’autorité oublie qu’elle est servante du peuple Un État digne repose sur le...

Mali : la promesse brisée du parrain russe

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Africa Corps Quand le chaos succède à la prétendue stabilité Un parrain venu du froid Lorsque, en 2021, les premiers convois de la société paramilitaire Wagner foulèrent le sol malien, la junte militaire issue du double coup d’État de 2020 et 2021 exultait. À la défiance vis-à-vis de la communauté internationale, et notamment vis-à-vis de la France et de la MINUSMA, venait s’ajouter un allié de poids : la Russie. Ce partenariat, scellé à l’ombre des chancelleries occidentales, avait pour vocation de restaurer l’autorité de l’État malien, reconquérir les territoires perdus face aux groupes djihadistes et sécessionnistes, et restaurer la fierté d’un peuple meurtri par des années de violence et d’abandon. Mais à l’épreuve des faits, la réalité s’est révélée autrement plus tragique. Kidal : une victoire au goût amer C’est en novembre 2023 que la junte malienne, appuyée par les mercenaires de Wagner, s’empare de la ville stratégique de Kidal, bastion touareg longtemps hors du giron de l’Éta...

Mali : Quand le déni de réalité devient doctrine d’État

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Bamako, 14 juin 2025 – Le théâtre malien continue de saigner, lentement mais sûrement, au rythme d’attaques terroristes insidieuses, de dérives autoritaires croissantes et d’un discours officiel qui confine à la fiction. Alors que les autorités de transition s’échinent à convaincre l’opinion, nationale comme internationale, d’un prétendu retour à la normalité, le terrain, lui, parle un langage autrement plus implacable : celui des morts, des mines artisanales et des routes piégées. FAMA Une double attaque symbolique et meurtrière Les 13 et 14 juin 2025, entre Anéfis et Aguelhoc, dans cette vaste étendue aride du nord malien que même les cartes hésitent à nommer avec précision, un convoi logistique des Forces armées maliennes ( FAMa ), escorté par des éléments d’Africa Corps – supplétifs russes du régime – a été pris pour cible par des engins explosifs improvisés ( EEI ). Plusieurs véhicules ont été soufflés. Les pertes, selon des sources sécuritaires locales, sont « lourdes, sensibles...

Burkina Faso : Le Mémorial Thomas Sankara ou la dérive monumentale d’un idéal trahi

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De 6 à 177 milliards de francs CFA en moins d'une décennie : l’inflation du projet de Mémorial dédié à Thomas Sankara ne relève plus d’un écart comptable, mais d’un scandale d’État. Ce qui fut initialement présenté comme une œuvre mémorielle sobre, digne et porteuse de sens pour l’Afrique insurgée de demain, semble aujourd’hui s’imposer comme l’un des symboles les plus frappants de la mégalomanie d’un régime qui, sous prétexte de rendre hommage à un héros révolutionnaire, foule aux pieds les valeurs d’austérité, d'intégrité et de justice sociale chères au père de la Révolution burkinabè. Mausolée Thomas Sankara. Dans un pays exsangue, où plus de deux millions de personnes sont déplacées par la guerre, où les financements humanitaires peinent à atteindre les 50 % de couverture en 2024, où les écoles sont fermées, les soins rationnés et les fonctionnaires parfois impayés, 177 milliards de francs CFA, soit 6 % du budget national, ont été investis dans un complexe monumental dont l...

Mali : La transition confisquée – Vers une présidence militaire à durée indéterminée

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La promesse d’un retour à l’ordre constitutionnel n’était donc qu’un leurre. Le 10 juin 2025, dans une atmosphère verrouillée et sans véritable débat public, le Conseil des ministres malien a adopté un projet de loi aussi historique que lourd de conséquences : il accorde au colonel devenu général, Assimi Goïta, un mandat de cinq ans renouvelable, sans passage par les urnes, ni validation populaire. Autrement dit, la transition tant vantée se transforme en présidence militaire sans horizon démocratique. Le Mali s’enfonce ainsi dans une forme raffinée d’autocratie militaire, où le pouvoir se concentre entre les mains d’une élite sécuritaire, sans contre-pouvoir, sans légitimité électorale, sans temporalité définie. Assimi Goïta  C’est un tournant décisif, brutal, mais prévisible pour de nombreux observateurs. Le rêve de refondation, l’espoir d’un Mali nouveau né de la rupture, s’effrite au profit d’un système de commandement dur, opaque, fondé sur la peur, la répression et la suppres...

Burkina Faso : le silence comme dernier rempart – chronique d’un pouvoir aux abois

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Ouagadougou – Depuis plusieurs mois, un lourd silence s’est abattu sur les lignes éditoriales du Burkina Faso. Pas celui des rédactions désintéressées, ni celui des médias distraits. Mais un silence imposé, verrouillé, surveillé. Le silence du pouvoir face à la vérité. Celui d’un régime qui, dans sa fébrilité grandissante, ne tolère plus ni critique, ni question, ni mémoire. À Koulouba, le haut lieu du pouvoir, le mot “FRONT” est devenu un tabou, presque un blasphème. On ne doit plus le prononcer, encore moins l’expliquer. Car derrière lui, se cache un échec que même la propagande ne parvient plus à couvrir. Journaliste déporté, non pour avoir menti, mais pour avoir dit ce qui est Des journalistes déportés, non pour avoir menti, mais pour avoir dit ce qui est Ils sont journalistes. Leur métier : dire ce qu’ils voient, rendre compte de ce que vivent les Burkinabè, y compris – et surtout – ceux qui sont dans les zones les plus éprouvées par la guerre contre le terrorisme. Pour cela, ils...

Burkina Faso : l'ombre de l'incertitude plane sur le pouvoir militaire

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Le 28 mai 2025, des tirs ont été entendus à l'aéroport international de Ouagadougou, ravivant les inquiétudes sur la stabilité du régime du capitaine Ibrahim Traoré. Selon des témoins, l'incident impliquerait un officier supérieur tentant de faire sortir sa famille du pays. Bien que les autorités n'aient pas encore communiqué officiellement sur l'événement, cet épisode s'inscrit dans un climat de tension croissante au sein des forces armées. L'aéroport de Ouagadougou Des tensions internes persistantes Depuis le début de l'année, le Burkina Faso est confronté à une recrudescence des attaques djihadistes, notamment dans les régions de Diapaga, Sollé, Soudougui et Koungoussi, entraînant la mort de nombreux soldats et la perte de plusieurs camps militaires . Face à ces revers, le capitaine Traoré aurait exprimé son mécontentement envers certains commandants, alimentant un climat de suspicion et de méfiance au sein de l'armée. Des arrestations controversées L...